&Une nuit. Un désir. Quelques instants. Un souvenir. Une vérité.
# Sïana.

samedi 26 septembre 2015

jazz


 mordre les rires
ronger les brises
dégueuler la mort

effleurer la violence
emprise étouffante

subir la douleur du devoir
l'écartèlement de la nécessité
la maltraitance de la survie
indigérable besoin
brûler violemment son âme
balancer son coeur à la perversion
soumis à la misère
engluer dans la pauvreté

domination aveuglante
peur hurlante
lianes métalliques
battues par le fer 

incessants échos.

Sïana ©

lundi 6 juillet 2015

mutisme illicite


violence de la rupture

aigreur de la haine
crevé par le passé
fuir les supplices
accueillir la facilité
balafrer le foyer
amoureux de la rancoeur
seconde peau écailleuse
déchirure brutale d'une espérance
frapper par l'aveu
déglutir les paroles 
absorber les injures
écartelé par l'absence
oeillères écrasantes
sanctuaire d'un souvenir 
sottise d'une fougue
maladresse d'une agonie

noble pudeur
repli précieux 
effleuré par l'éternité
silence

 Sïana ©

mardi 24 février 2015

berceuse.





coeur arraché par la course. 
abrité sous les ruines, j'ai cueilli les cendres les plus douces. 
j'ai débattu avec le temps, lutté contre la nécessité. 
j'ai prisé la lumière, embrassé la douleur, marché sur mon ombre, contemplé l'éclosion d'une vie. 
je l'ai caressé de mes péchés, enlacé de mes pardons.
j'ai hurlé de mes rires, craché sur mes plaies.
une voluptueuse mélodie qui panse ma rancoeur. 
délicatesse d'une naissance. aigreur d'un silence.  

Sïana ©

jeudi 12 février 2015

crocs insolents

 

une reprise d'un genre
une timide tentative 
un espoir de retrouvailles
un éveil de lâcheté
une peur méprisée
un besoin de soi
un risque d'échec
chuchotements insouciants
effleurements irresponsables
stérilité


Sïana ©

mercredi 11 février 2015

fouler mes blessures.


assis au bord d'un trottoir, je quémande ne serait-ce qu'un peu d'attention, un peu de reconnaissance. le fossé s'est creusé, et je ne parviens pas à y remonter. je suis tombé mais personne ne veut me relever. parfois les nuages se dégagent mais la lumière n'apparaît pas. aucune main ne se tend pour récupérer la mienne. on me regarde du haut de ce trou. étrangement, indifféremment. je suis l'autre. un autre. un putain d'étranger pour la simple raison que je suis différent. pourtant je suis là. je suis présent. j'existe aux yeux de tous mais je suis également profondément absent, invisible ou peut-être inintéressant. sans intérêt. je suis déjà foutu. ils possèdent une résignation qui me contamine. une maladie incurable qui ne semble même pas pouvoir les affecter. nous sommes plusieurs dans ce trou, mais certains s'en sortent un peu mieux que d'autres. une inégalité qui me ronge. j'ai ainsi été choisi, contre mon gré. parmi ces milliards d'hommes, je n'ai pas eu la chance de m'adapter. des événements bien plus puissants que moi ont pris le contrôle et m'ont conduit dans ce chemin tortueux où je ne souhaitais pas aller. parfois je croise le regard de ces hommes, de ce qui me sert de semblables. je ne lis qu'une hypocrite pitié, une empathie à vomir. dans les miens, certains décèlent ma peur, ma crainte, ma perte. je suis devenu un homme errant sans aucune volonté, sans aucun espoir. il s'est envolé lui aussi et m'a laissé seul avec ce monde pernicieux. je suis un homme battu quotidiennement par le confort des uns, la richesse des autres et par un amour qui m'est interdit. je suis un homme marginal forcé de vivre dans cet environnement qui ne me désire pas. la barrière est presque plus lourde que mes maux. en contrepartie, je ne fais que rejeter ces êtres qui me méprisent constamment. voilà ma seule riposte possible. j'ai imité mes prédécesseurs, car c'est bien dans cette case que je suis. c'est ainsi un devoir que je dois tenir, et c'est certainement bien le seul que je puisse. je peux essayer d'agir différemment, mais la tâche est ardue. les vices m'appellent et me recouvrent de toute leur perversité. je me laisse emporter par leur souffle mortel sous la pression de mon abandon. je suis bouffé par le manque. je ne parviens pas à crier plus fort que je ne le fais déjà. essayez de m'entendre, de me regarder parfois et vous verrez peut-être que nous ne sommes pas si étrangers. je suis un homme détruit par votre simple présence. une ridicule pièce balancée dans mon gobelet en carton sale ne fera pas de vous quelqu'un de bien et de respectable. je suis un homme. un homme.

Sïana  ©