&Une nuit. Un désir. Quelques instants. Un souvenir. Une vérité.
# Sïana.

samedi 30 novembre 2013

dissimuler.


Des planches en bois en guise de trappe.
Des masques comme des frappes.
Des pinceaux entremêlés.
Des semblants de fils barbelés.

Des fissures épineuses.
Des angoisses mitrailleuses.
Des cadenas insoumis.
Des âmes dans l'oubli.


Des pardons récoltés.
Des sourires écartés.
Des mémoires enchaînées.
Des êtres opprimés.

# Sïana. ©

lundi 25 novembre 2013

orphelin.


Un besoin. Un besoin nécessaire. Vital et irrévocable. Maladie incurable. Intangible et radical.

Enchaîné sur sa chaise par du simple scotch, des simples cordes. Ses doigts en étaient rouges. Rouges pour avoir trop griffé, pour avoir eu l'envie de s'échapper. Des écorchures ornaient son corps, blessaient sa peau, brûlaient ses membres. Marqués au fer comme à la clope. Une signature. Traces indélébiles repoussantes. Ses os apparents parlaient pour lui, confiaient ses douleurs, partageaient ses craintes. Une musique en boucle passait dans le fond de la pièce. Cachée dans ce placard qui bloquait la porte. C'était une musique douce, silencieuse. Sa préférée. Celle qu'il écoutait ; docilement. Tout près de cette femme. Sa mère. Si tendre, si belle. L'élégance, la tendresse, la passion. Celle qui le cajolait démesurément lors de ses moindres pleurs. Pour ses ridicules plaies d'enfant. Ses yeux mornes étaient contraints de regarder ce mur. Froid et vide, comme son âme. Insipide, translucide. La résignation demeurait dans son être. Nulle inquiétude, nulle haine, nulle angoisse. Désirant simplement se lever. S'enfuir vers le ciel. Ôter ses cordages. Lever le voile. Découvrir le partage. Malheureux prisonnier condamné. 

Désigné de façon forcé.

 # Sïana. ©
( gribouillé en philo. haha )

vendredi 22 novembre 2013

amputation.


Les gouttes de pluie perlaient sur sa vitre. L'odeur humide de la terre se répandait jusque dans sa chambre. Envahissant toute sa pièce, tout son corps. Il restait lasse, debout devant sa fenêtre. Les bras ballants. Muet comme son ombre. A l'opposé, son regard était ferme, dur ; déterminé semblait-il. Insensible par les cris de cette femme qui hurlait son nom. Les photos présentes sur les murs se détachaient une à une, chacune leur tour. Ses moments de bonheur, d'insouciance; cette beauté du monde qu'il pouvait percevoir autrefois n'étaient plus. Aujourd'hui, il pensait que cela n'avait jamais existé. Ses membres ont commencé à se crisper. Il commença à trembler. Etait-ce de froid ou de peur ? La porte s'ouvrit brutalement. Arrachant la poignée d'un coup sec. Une femme apparue. Elle se tenait péniblement contre le mur, des deux mains, essoufflée, courbée, exténuée par l'effort qu'elle venait d'accomplir pour arriver jusqu'ici. Il ne bougea pas. Il demeura ainsi sans faire le moindre geste. Elle tenta de bredouiller quelque chose, mais sa bouche refusait de sortir le moindre son. Elle ne pouvait que contempler ce dos fébrile et squelettique qu'elle n'osait approcher. Elle fit un pas, il en fit deux. 
Et la page fut arrachée.

 # Sïana. ©

inertie.




Un lieu ? Une forêt. Un temps ? Pluvieux.

Nuit noire. Sombre. Opaque. Cultivant son mystère. Charme et délicatesse.
Vide. Creux. Dépouillé. 
Les gouttes perlent sur les feuilles. S'échouent sur mes cheveux, pleurent le long de mes vêtements. 
Murent mes paupières. Me cloître dans cette amnésie.
Superposition d'échos. Étouffés et insonores. Muets comme la brise. S'éclipsent comme le souffle.
Secret celé. 




# Sïana. ©

jeudi 21 novembre 2013

soumission.


Deux chiffres. Une réponse. Un dégoût. Une honte. Des conséquences. 
Une pénitence.

Elle y pensait tous les jours, à chaque instant. Ses pensées en étaient dévorées. Contrôlées par ce qui l'habitait, elle semblait être double. Elle se battait contre elle même. Par ce qui lui servait de carcasse, de reflet. Réfléchissant constamment à cette quête qu'elle tentait vainement d'atteindre. Tout s'entassait à l'intérieur d'elle même. De plus en plus, petit à petit. Ses souhaits, sa colère, ses intentions, ses regrets, ses frustrations; sa hantise. Pour au final, paraître plus imposant qu'elle ne le paressait. Moins malade qu'elle ne l'était. Elle pensait qu'en parvenant à son but, tout s'arrangerait. Qu'elle deviendrait une jeune fille comme les autres, parmi les autres. Malgré qu'elle savait qu'elle en faisait partie, il manquait quelque chose. Ce quelque chose qui la rendrait en phase avec elle même. Ses désirs. Mais personne ne t'a appris que nous ne devenons pas heureux en accomplissant ce que l'on souhaite tant ? Autre chose viendra le remplacer. Peut-être encore plus grand, encore plus conséquent. C'est un cercle vicieux délicieuse petite fille et il finira par t'écraser. Ne laissant pour seul reste un minime déchet de ce que tu n'as pas su être. 

 # Sïana. ©

dimanche 3 novembre 2013

bascule.

parfois, elle comprenait pas pourquoi il réagissait comme ça. ça avait tendance à la déstabiliser, la frustrer. elle restait là, béante. t'aurais dû la voir avec ces yeux ronds pleins d'incompréhension. elle demeurait silencieuse. se tripotant les mains. elle le faisait régulièrement. mais après tout, elle pensait qu'il était juste comme ça. que c'était pas contre elle, que c'était seulement son caractère. tu sais, juste sa manière de s'exprimer. un peu maladroite, manquant un peu de tact. regarde, lui même le dit. il dit que c'est un défaut, qu'il a jamais su faire ça. il s'en excusait même auprès d'elle. mais tu sais ce qu'on dit. ce qui est le plus dur à entendre et qu'on cache sous un rire est en fait souvent une vérité qu'on a dû mal à avouer. je crois qu'elle en avait pas encore conscience. ça allait pas plus loin à ses yeux. ses barrières d'enfant, ses rêves, et sa beauté du monde réfutant tout ce qui tentait de l'atteindre. elle voyait pas ce qui était dissimulé derrière. ça l'affectait juste sur le moment. puis, on aurait dit que ça l'atteignait pas plus que ça finalement. elle lui en voulait pas. elle lui en tenait pas compte. du moins, pas que je me souvienne. et puis, les jours passaient. son regard avait dû mal à changer. elle avait dû mal à accepter. c'était seulement quelques paroles, quelques mots qui faisaient découler certaines vérités.
alors, elle hurlait à la mort en espérant secrètement qu'elle se trompait. mais elle le savait. immanquablement.

# Sïana. ©

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Sauvage. Une rage enfouie. Une de ces rages qui te mange et qui peine à disparaitre. Celle que tu tentes de dissimuler, que tu crois minime, ridicule mais qui est secrètement omniprésente. Inconsciemment obsédante. Celle qui lorsqu'elle se réveille te fait prendre conscience de l'ampleur qu'elle a sur toi. Celle dont tu perds le contrôle quand elle éclate. Celle que tu crois bénéfique pour toi mais qui ne fait que t'empêcher d'évoluer. Elle ne cesse de te faire régresser.
Tu t'en sers pour devenir quelqu'un d'autre. Quelqu'un de plus fort, de plus solide. Une personne infaillible, avec une assurance immodérée. Ce qu'il te manque, parait-il.
Un prétexte. Un intime prétexte qui ne te fait pas devenir ce que tu dégages. Ce n'est qu'une apparence. Juste une impression. Celle que tu renvoies à leur demande. Soumis à cette pression incommensurable de la personne que tu dois incarnée aux yeux des autres. L'image essentielle que l'on doit entretenir pour nous, comme pour eux. 

Et toi, tu la connais celle là ?

# Sïana. ©